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Du cinéma, rien que du cinéma
13 mars 2013

Springbreakers

 

 

l-affiche-du-film-spring-breakers

 

 

Harmony Korine, le réalisateur californien, ami de Gus Van Sant, nous revient, après des films très expérimentaux sur des personnages souvent inadaptés sociaux (Julien Donkey-Boy et Gummo), avec un film sur une jeunesse plus "normale".

Un début MTV :

 En effet, il dépeint ici la jeunesse moyenne américaine; qui passe son année scolaire à rêver du fameux Spring break, montré de façon outrancièrement clipesque, à grand renfort de corps huilés, de ralentis calés sur le morceau de bravoure "scary monsters and nice sprites" de Skrillex (qui rappelle l'esthétique de "Rise" le film de David Lachapelle) en guise de générique.

 Pas de parents indignes, pas de banlieue glauque, ni même de soucis particuliers, si ce n'est le manque ponctuel d'argent pour enfin lâcher toutes les frustrations cumulées dans leurs vies banales. C'est dans ce contexte que nous découvrons les quatre héroïnes, des jeunes filles un peu délurées, en quête d'elles-mêmes, qui pensent trouver le sens de l'existence au cours du Spring break et qui réalisent que leurs économies ne sont pas suffisantes pour ce voyage.

C'est alors qu'elles décident "comme dans un jeu vidéo" d'aller braquer un fast-food.

 La violence au service de l'art :

Le délit, brillamment filmé en plan-séquence et du point de vue extérieur de la complice qui longe le bâtiment au ralenti, explose en fulgurances de violence aperçues par les fenêtres, prouvant la facilité déconcertante avec laquelle les filles mutent en tortionnaires aguerries, se posant ainsi en véritable point de départ de cette épopée hallucinogène.

Pour appuyer son propos, Harmony Korine les montrent en train de rejouer le braquage à celle qui n'était pas présente, s'amusant de l'étonnante ressemblance de leur acte avec des scènes de films.

On comprend vite qu'il ne sera pas question de rédemption ici, ni même de tentative de prise de conscience, tant ces filles se réalisent dans cette violence.

Celle-ci ne tarde pas à réapparaître une fois le voyage effectué et à émailler le récit d'abord par des soirées de débauche complètement débridées, sans limites, plongeant le spectateur dans une transe sensorielle étourdissante tout en le maintenant sous pression par des déflagrations inopinées qui semblent augurer une suite funeste puis qui prend une tournure plus concrète et réaliste avec l'arrivée d'Alien, gangster local très fier de sa réussite

Exhibant sa Camaro aux jantes estampillées $, son arsenal militaire, ses dents en or, et son trafic de façon plus qu'ostentatoire, James Franco, métamorphosé en gansta blanc, fascine par son jusque-boutisme.

Il entraîne dans ses délires les héroïnes en quête de sensations de plus en plus extrêmes, prétexte à de nouveaux trips visuels et acoustique.

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Une mise en scène électrisante qui met en transe :

Ce film n'est pas tant un film démonstratif qu'une expérience sensorielle totale, avec des effets de fluorescence, de grains étranges, de filtres, de ralentis, d'effets de symbiose ou de cassure entre ce que l'on voit et ce que l'on entend, soulignés par une BO puissante, planante ou électrisante (skrillex, cliff martinez, dangerus, waka flocka flame, gucci mane).

Deux parties se distinguent esthétiquement parlant, la première, celle du Spring Break à proprement parlé, est saturée de couleurs chaudes, de filtres colorés alors que la seconde, celle où tout devient plus réel et plus fou, est essentiellement tournée de nuit, jouant sur les couleurs fluo et les flashs stroboscopiques le tout procurant un effet d'hypnose garanti.

Car la force de ce réalisateur outsider, c'est la maîtrise parfaite de sa mise en scène qui ne faiblit à aucun moment.

Il se sert de cette enveloppe léchée, utilisant les codes de la culture pop, enfant de MTV, pour proposer une réflexion sur les valeurs de cette jeunesse sans barrières et sans autre rêve que de s'amuser.

En effet, partie prenante de l'action, la caméra le plus souvent à l'épaule et zoomant à l'envie sur les protagonistes, Harmony Korine filme une violence fascinante, questionnant au passage le rôle des images dans celle-ci, pour s'en détacher peu à peu à mesure que la situation devient incontrôlable jusqu'à filmer la dernière séquence en se posant en spectateur, comme s'il n'assumait pas ce qu'il a engendré.

Mise en abîme de cette société d'hyper consumérisme, qui maintient la jeunesse dans une envie constante, lui créant des besoins et qui regarde, dégoûtée, la perversion qui en découle et interdit ce genre de film aux moins de 18 ans aux USA, alors qu'ils sont les premiers concernés.

 En résumé :

Une oeuvre choc, qui devrait faire date dans l'histoire de la pop-culture et dans la carrière de ce génie de la marginalité. 8/10

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