20 ans d'écart

 Voila enfin un réalisateur qui n'a pas attendu 20 ans de carrière pour changer de cap et surprendre son public !

Après nous avoir effrayé avec plus ("Ils") ou moins ("The eye" avec Jessica Alba) de succès par des films d'épouvante déjà indépendants, David Moreau nous revient, sans son complice Xavier Palud cette fois, avec une comédie romantique, sans perdre son esprit novateur.

Point de jeune fille en fleur ou femme en pleurs ici, ni même de prince/mâle dominant, juste une trentenaire normale (quoique bossant dans l'édition d'un magazine de mode quand même) avec ses soucis de femme, de mère, de soeur et de boulot et un jeune étudiant, un peu gauche, plein de la belle naïveté de son âge qui se rencontrent par hasard.

Rien de sexy sur le papier mais c'était sans compter sur le charme félin de Pierre Niney aka le jeune homme qui va changer le regard que les autres portent sur Alice, la rédactrice débordée/périmée aux vues de son déjà grand âge.

C'est sur cet axe que David Moreau articule la première partie de son film. En effet, Alice, 38 ans, se heurte soudain au regard que porte la société sur elle, en commençant par ses collègues et son chef pourtant ami, qui lui préfèrent une plus jeune collaboratrice pour prendre la tête de leur magazine, astucieusement nommé "rebelle". Même quand sa soeur s'y met aussi en lui présentant tous les célibataires qu'elle croise (jusque son gynécologue, les filles apprécieront), elle résiste (convoquant au besoin la chanson de France Gall) à cette pression sociale, n'étant pas du genre à se laisser dicter sa conduite.

Jusqu'à ce qu'à la suite d'une rencontre fortuite dans un avion et d'un quiproquo, la jeune femme se trouve étiquettée MILF ou Cougar ce qui la fait basculer dans une modernité qu'elle va saisir comme un moyen d'obtenir ce qu'elle veut sans faire les compromis qui vont avec.

De jeu de dupes, la relation qu'elle noue avec le jeune Balthazar va prendre peu à peu un tour inattendu.

La fraîcheur et le romantisme du bel étudiant vont doucement réveiller la midinette qu'elle avait enterrée sous le tumulte de sa vie de jeune maman et femme très active.

La mise en scène accompagne ce changement en traitant les séquences axées sur Alice d'une légère langueur alors que les scènes où le duo est réuni sont dynamiques, vives dans leurs couleurs (à l'image du scooter de Balthazar) et pleines d'un élan qui nous ramène aux premiers moments d'une histoire d'amour.

Car, là où il aurait été très facile de verser dans une vulgarité plus ou moins drôle, David Moreau choisit de ne parler que d'amour et de magnifier au passage la beauté des jeunes âmes et le romantisme en réussissant le tour de magie de ne pas être niais.

Une balance délicate que ce jeune réalisateur a su trouver pour son premier détour par la comédie, exercice au combien périlleux rappelons-le, en s'appuyant sur le potentiel fantaisiste de Virginie Effira, lumineuse, et sur la présence toute en charme et fraîcheur de PIerre Niney, véritable révélation, vu dans "j'aime regarder les filles", "lol", "nos 18 ans" et bientôt en Yves Saint Laurent dans le biopic du même nom.

Un film drôle et touchant et un réalisateur définitivement à suivre !

Note : 6,5/10

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19448764&cfilm=209732.html