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Du cinéma, rien que du cinéma
23 juin 2013

The Bling-Ring

 

 

De Sofia Coppola avec : Israel Broussard, Taïssa Farmiga, Emma Watson, Claire Julien, Katie Chang et Leslie Mann

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Synopsis : À Los Angeles, un groupe d’adolescents fascinés par le people et l’univers des marques traque via Internet l’agenda des célébrités pour cambrioler leurs résidences. Ils subtiliseront pour plus de 3 millions de dollars d’objets de luxe : bijoux, vêtements, chaussures, etc. Parmi leurs victimes, on trouve Paris Hilton, Orlando Bloom et Rachel Bilson. Les médias ont surnommé ce gang, le "Bling Ring". (Source Allociné)

 

Et si Sofia Coppola devait changer de sujet?

Comme à son habitude, la surdouée de la mise en scène met le paquet dès le début. Des images léchées, des adolescentes sensuelles, une histoire sofistiquée et mélancolique, rien ne manque de l'arsenal qu'elle déploit avec grace depuis Virgin Suicides.

Chacun de ses films est un rêve esthétique qui transporte le spectateur d'un bout à l'autre comme sur un nuage.

Elle avait ainsi exploré le quotidien nébuleux de cinq soeurs, mis en scène une émouvante rencontre à l'autre bout du monde, révélant au passage la sensualité de Scarlett Johansson, transcendé le mythe de Marie-Antoinette et exploré avec acuité et à-propos l'ennui par le prisme d'un acteur en perdition.

Alors, se retrouver devant le spectacle de la vacuité de la jeunesse dorée de l'amérique bien-pensante et puritaine questionne de la part d'une artiste à l'intelligence et à la sensibilité délicate.

On suit, un peu à contrecoeur, une bande de lycéens obsédés par le star-system et surtout l'argent, dans sa quête de bons plans pour des soirées jet-set. Jamais à court d'idées, les quatre jeunes filles et le jeune garçon ecument les boîtes de nuits select comme d'autres les bars du coin. Même si leur culot et leur insouciance sont rafraichissants (la scène de check des voitures à la sortie de club, leurs trocs d'entrées en soirées), ils sont plutôt antipathiques. Ils ne manquent de rien et veulent plus et ne sont ni brillants ni particulièrement interessants. Rien ne dépasse, un peu comme l'éducaton édulcorée et vide que ces jeunes semble recevoir.

La meilleure illustration en est toutes les scènes d'Emma Watson dans lesquelles sa mère lui fait cours, pour, pense-t-elle, lui eviter toutes les tentations diaboliques de la société extérieure.

Mais, notre société, interconnectée en surface, happe cette jeunesse sans autre repère que télévisuel ou internetisé, encouragée dans sa recherche de reconnaissance et de pouvoir par des parents aux valeurs douteuses, et la pousse à toujours plus d'outrance et de prise de risque.

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De simples petites escroquerie, la bande va rapidement passer à du vol de grande envergure en s'introduisant, par des moyens simples et efficaces, (baies vitrées ouvertes, clés sous le paillasson) dans les villas des stars qu'ils admirent. 

Sofia Coppola semble éprouver un plaisir coupable à les filmer selectionnant des fringues et accessoires dans les indécentes penderies des acteurs et starlettes qu'elles traquent par posts de tabloids et autres sites people.

Mais que voulait-elle faire passer comme message? Que l'on peut devenir accro au cambriolage aussi facilement qu'à la caféine ou autres drogues dures? Que la jeunesse dorée manque de repères? Ca a déja été traité ça non? Ou peut-être que le star system prend des proportions telles que la société en perd tout sens commun? A moins qu'il ne s'agisse de la valeur "argent" qui prend le pas sur toutes les autres? Pas évident à déméler car, si le groupe des "bling ring" passe peu à peu de la recherche d'objets de valeur à une escalade de "relevé de défis" qui semble n'avoir d'autres but que de pouvoir dire qu'ils l'ont fait, Sofia Coppola se garde bien de les juger (la scène du tribunal se borne à une arrivée façon tapis rouge des suspects et l'ouverture et fermeture des portes de la salle d'audience) 

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Au spectateur de comprendre ou pas que ces criminels "bling bling" n'ont, non seulement tiré aucune leçon de leurs méfaits, mais en ont, en plus, tiré profit et sont traités par notre société comme les stars qu'ils ont volé.

En glamourisant ce spleen du vide qu'éprouve la jeunesse nantie, Coppola a risqué de peu de rater sa cible (les trentenaires esthètes) et de s'enfermer dans un microcosme, ce qui pourrait la vider de toute substance.

Comme si, en voulant dresser le portrait de la jeunesse et la société actuelle, elle n'avait pas pu s'empêcher de se borner à ce qu'elle connait, c'est à dire les privilégiés.

Conclusion : Une fois de plus, le talent de cette réalisatrice surdouée fait mouche mais, en tentant de placer son univers esthétique et doux au centre d'une satire de la société actuelle obsédée par le paraître et l'argent, Sofia Coppola frôle le faux pas et ferait mieux de commencer à chercher d'autres sujets de film sous peine de tourner en rond ou de tomber en désuétude.

Note: 5.5/10

 

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